Aven des Perles : une « classique » du sud Larzac qui s’agrandit…
Nous dédions cette nouvelle découverte à Charles Bessière et Amédé Caylar
L’aven des Perles exploré en novembre 1933 par le Groupe Vallot fait à nouveau parler de lui presque 90 ans après sa découverte! Cette cavité historique considérée comme « une classique » est un aven « promenade » où tout le monde va en étant persuadé que tout a été vu et que tout a été fait !!! La suite nous prouve l’inverse…
Situé sur la commune de Pégairolles de l’Escalette et réputé pour son concrétionnement exceptionnel, il a vu défiler des générations de spéléologues et a souvent servi de cavité d’initiation pour les novices en quête de sensations fortes.
Son entrée en forme d’abri sous roche et son beau puits de 28m amenaient jusqu’à présent le curieux à une profondeur de -51m, tout en explorant le réseau concrétionné de la salle de la Pluie (ou des Perles). Cette dernière avait émerveillé Amédé Caylar et Charles Bessière en 1935 au point de la faire visiter au célèbre spéléologue Norbert Casteret.
Charles Bessière écrivait dans ses carnets d’explorateur en ce temps là : Le dimanche suivant, tous les deux, équipés de cordes et de lampes, nous étions là, sous l’abri!.. Et selon l’expression de Norbert Casteret « vers de grandes choses par des voies étroites », je disais à Caylar tout heureux : « donne toi la peine d’entrer »…
Au bas du grand puits, un petit boyau d’une quarantaine de mètre de long et très étroit laissait peu de chance à une continuation future malgré qu’un filet d’eau s’y perde pour ressortir à la source captée des Coutelles près de Soubès. Nous avions réalisé au mois de Mars 2021 une expérience de traçage à la sulphorodhamine en partenariat avec le Conseil Départemental de l’Hérault (voir notre article du 2 avril 2021) et en complément des travaux de 2013. Le colorant avait mis 32 h pour parcourir 2200m et les 292m de dénivelé qui séparent l’aven des Perles de la source des Coutelles.
Les résultats du traçage, la géologie du secteur, le ruisseau et un léger courant d’air (le courant d’air est un indicateur potentiel d’une continuation – NDLR) ont fait naître chez certains membres de l’association Larzac Explo, un doute… : Et si il y avait une suite ? Après quelques heures de « jus de cerveaux » et d’analyses de cartes géologiques, la décision était prise d’entreprendre l’élargissement du boyau !
Durant sept mois, aidé de nombreux passionnés et en parallèle de l’opération Banquier 2021, nous avons élargi « le méandre des Enfileurs » sur une longueur de 130m en suivant le ruisseau et l’air ! Avant que les avens deviennent des « classiques » il faut d’abord les explorer ! En octobre 2021 c’est la consécration ! « Le puits de l’Escroc » et « le puits de l’Ôtre » ont été descendu nous amenant à la profondeur de -82m.
« L’étroiture de l’Enguelade » suivi du « méandre des Barjociens » ont permis une avancée considérable d’une centaine de mètres de plus conduisant les explorateurs à la profondeur de -106 m. C’est à cet endroit que nous avons découvert « la Flaque du René Gat« .
Nous pensions d’abord que ce volume d’eau important était un siphon. Cependant, les dernières investigations de novembre par Céladon, n’ont pas permis de trouver une suite probante par l’eau. Quelques escalades sont en cours ou nous espérons un passage par les airs qui nous permettrait de continuer l’aventure ! Histoire à suivre… la géologie est parfois capricieuse !
Vous l’aurez remarqué, les spéléologues sont des gens étranges et un peu farfelus qui en plus de se rouler dans la boue donnent des noms étranges aux galeries et aux lieux qu’ils découvrent ! Cette pratique ancestrale évolue avec les générations. En 1934, le Groupe Vallot employait des noms poétiques comme la Salle de la Pluie ou la salle des Bronzes Antiques… En 2021, nous optons pour les pieds de nez linguistiques avec un humour souterrain parfois tiré par les cheveux !!!
Il n’empêche que l’aven des Perles nous offre aujourd’hui plus de 260m de nouvelles galeries avec des plafonds atteignant parfois 20m de haut et un concrétionnement exceptionnel ! Fidèle à lui même, il reste une « classique du Sud Larzac » qui s’agrandit un peu plus. Il devient ainsi l’aven le plus profond connu (du moins déclaré) du bassin versant de la source des Coutelles.
Nous avons appris une chose importante lors de nos explorations : Le monde souterrain est imprévisible, rien n’est jamais vraiment fini et croire l’inverse serait une hérésie !
Les relevés topographiques de l’aven des Perles réalisés en marge des explorations montrent une possible relation avec l’aven du Mas de Rouquet (topographie en cours) situé à environ 250 m à l’ouest. Ces deux avens historiques, s’ouvrant à l’extrême nord du bassin de la source des Coutelles, peuvent être associés également à l’évent de Soubès situé dans la vallée, ou aux cavités voisines des Kerguelens ou d’Evan.
Ils constituent ce que l’on appelle dans notre jargon « un réseau ». C’est à dire que les cavités d’une même zone sont toutes rattachées à une même source et potentiellement reliées entre-elles. L’enjeu « eau potable » étant devenu majeur dans le Lodévois et Larzac, il devient évident qu’une synthèse des connaissances s’impose autour du cirque de Soubès en partenariat avec la communauté de communes et dans le cadre de l’Observatoire du Karst.
Connaître l’origine de la ressource en eau, explorer, diffuser l’information dans le but de comprendre le karst pour mieux le protéger ! C’est finalement peut-être cela la vraie mission du spéléologue d’exploration.
3 réflexions sur « Aven des Perles : une « classique » du sud Larzac qui s’agrandit… »
glop glop
bravo a tous
magnifique
bravo pour l’opiniatreté , le flair , le résultat est là
Bravo, est-ce visitable et l’accès en est-il libre ?